Bryce Canyon National Park

Le premier arrêt en arrivant à Bryce Canyon est le camping, car il fonctionne sur le principe du first come first served. En haute saison dans les parcs nationaux très touristiques, il faut venir avant 10h du matin, voire avant 9h pour espérer avoir une place.

On prend les devants en se présentant à 8h du matin au camping. Après avoir parcouru les emplacements, on en trouve un sympa qu’on réserve pour le soir même en plaçant un petit papier avec notre nom sur le piquet qui porte le numéro du site. Il faut ensuite déposer une enveloppe avec les 20$ demandés dans une boite aux lettres à l’entrée du camping.

Rassurés de s’être trouvé un bel emplacement pour le soir, on va enfin découvrir Bryce Canyon ! Contrairement à ce que laisse imaginer son nom, ce parc ne renferme pas un canyon, mais un ensemble de champs de hoodoos blancs, roses, orange, rouges qui forment des cuvettes semi-circulaires appelées amphitheaters à cause de leur forme. Une fois garés à Sunset Point, il n’y a plus qu’à marcher 200 m pour arriver au bord du Bryce Amphitheater qui est le plus gros et le plus connu de tout le parc.

C’est super impressionnant et ça s’étend presque à perte de vue. Quelques pins ponderosa et douglas poussent au milieu des hoodoos, contrastant d’un vert intense avec les nuances rouge-orangé des rochers. On a du mal à croire qu’un bijou pareil se cache au milieu de la forêt de pins qu’on a traversée pour rejoindre cet endroit.

Cet ensemble de hoodoos orange/rose constitue ce qu’on appelle les Pink Cliffs qui délimitent la frontière est du Paunsaugunt Plateau (Paunsaugunt signifie maison des castors en indien Paiute).

On a passé pas mal de temps à lire dans les guides et sur les panneaux explicatifs pour comprendre comment s’était formé tout cela. Pour les courageux et curieux, voilà l’explication (vulgarisée autant qu’on a pu – enfin, surtout François). Pour les autres, sautez au paragraphe suivant !

L’histoire géologique des lieux est constituée de 3 étapes majeures :

  • La formation d’un grand lac, il y environ 60 millions d’années (à l’époque paléocène) au fond duquel se sont déposés argile, sable et limon pendant des millions d’années. Ces particules ont ensuite cémenté pour former une roche de calcaire appelée Formation Claron.
  • Il y a environ 16 millions d’années, le soulèvement du plateau Paunsaugunt qui était à l’époque au niveau de la mer jusqu’à une altitude de 8000 pieds (2400 m). En même temps, le plateau Aquarius qui est juste à côté s’est soulevé jusqu’à 10 000 pieds (3000 m).
  • Depuis lors, entre ces deux plateaux a coulé pendant des millions d’années la rivière Paria. Celle-ci a érodé le calcaire de la formation Claron, exposant du côté plateau Paunsaugunt la roche rosée qui constitue Bryce Canyon.

L’érosion qui a formé les amphithéâtres est à la fois mécanique (cycles gel/dégel) et chimique (dissolution du calcaire par les pluies acides). Elle se déroule en plusieurs étapes. La première est la formation d’un mur de roche (appelé fin ou canyon wall) à partir de l’érosion irrégulière d’une falaise. Ensuite, les fissures dans ce mur ouvrent des fenêtres ou des arches qui finissent un jour par grandir tellement que la roche au-dessus d’elles s’effondre. Il ne reste alors que de grandes colonnes qu’on appelle les hoodoos. Ces hoodoos, à force d’érosion, finiront par disparaître à leur tour.

C’est ici qu’on ferme la parenthèse théorique.

Au départ de Sunset Point, on a passé une bonne partie de la matinée à randonner dans le Bryce Amphitheater, entre les hoodoos orange et les pins ponderosa. Il existe plein de circuits de longueurs diverses et variées, et même certains réservés exclusivement aux promenades à cheval ! On finit par se décider pour une combinaison de 2 circuits assez connus : le Queens Garden Trail et le Navajo Loop Trail.

La descente dans le fond de l’amphithéâtre est rapide, et on se retrouve vite à l’ombre des hoodoos. On traverse quelques tunnels creusés dans la roche, puis atteignons le « fond » de l’amphithéâtre. A partir de là, le chemin est de nouveau plat, mais on appréhende quand même un peu la remontée vu la dénivelée négative de 160 m qu’on s’est pris dans le premier kilomètre…

A un endroit du circuit, on remarque un attroupement de touristes devant une guide volontaire qui bloque le passage. Le matin même, un hoodoo s’est effondré et le chemin par lequel on voulait remonter est bloqué. On en prend donc un autre, mais c’est l’occasion de se rendre compte que même si ces jolies cheminées sont le résultat de millions d’années d’érosion, elles forment un système très instable et les forces qui les ont sculptées continuent d’agir sur elles chaque jour de chaque année.

Comme prévu, la remontée finale est difficile et nous rappelle vite la récente randonnée d’Angels Landing et ses Walter’s Wiggles.

Fin de matinée, on se rend dans une partie du parc réputée pour abriter une colonie de chiens de prairie, ou cynomis, le totem de Pauline ! Nous sommes les seuls arrêtés au bord de la route, l’appareil photo prêt à mitrailler dès que les petites sentinelles se dresseront. Seules leurs têtes dépassent des hautes herbes, scrutant l’horizon à la recherche d’éventuelles menaces. On passera une bonne demi-heure à les regarder, tantôt rejoints par un autre couple fan de cynomis.

François aura pour sa part passé plus de temps à lire les bornes explicatives des « Triple Junction Concentrating PhotoVoltaic solar panels » qui alimentent une bonne partie du parc en électricité solaire grâce à leur rendement record de 34 % (là où les panneaux solaires classiques atteignent difficilement les 18 %). Passionnant.

Pour dîner, on ressort du parc pour se rendre dans la ville voisine, car on n’a pas envie de manger dans un des nombreux « attrapes-touristes ». On trouve sur TripAdvisor un resto sympa et loin de l’agitation : le Bryce Canyon Pines Restaurant. Et on fait un arrêt obligé à l’aérodrome local pour François.

Après un bon dîner, le début d’après-midi sera dédié à la visite en voiture du reste du parc sur la scenic road. Cette dernière finit en cul-de-sac et descend plein sud en longeant la falaise du plateau Paunsaugunt. Les points de vue sont nombreux tout le long : Swamp Canyon, Farview Point, Natural Bridge, Ponderosa Canyon, Yovimpa Point, pour finir avec Rainbow Point. On trouve à chaque point de vue un parking et des tas de touristes qui s’arrêtent pour prendre quelques photos. Il faut avouer que toutes ces vues sont assez similaires, mais on s’arrête comme tout le monde à chacune des vues et forcément, on se retrouve à chaque stop en compagnie des mêmes personnes, c’est marrant. Au premier arrêt, on discute quelques minutes avec un couple qui vient aussi du Connecticut. Ils n’arrêteront pas de nous faire des coucous gênants à chacun des arrêts suivants, comme si on ne s’était plus vu depuis une semaine et qu’on s’était recroisé par hasard 500 km plus loin. Bon, on l’avoue, on a sauté le 4e arrêt pour prendre de l’avance !

Une fois cette visite de paresseux en voiture terminée, on retourne passer le reste de l’après-midi au camping pour une petite sieste, car les derniers jours nous ont bien claqués.

Une fois arrivé à l’emplacement qu’on avait réservé le matin même, il est pris ! Petit stress avant de finalement retrouver un autre emplacement, le dernier ! On comprend qu’on s’est planté au moment de la réservation… ça valait bien la peine de se pointer à 8h du matin pour être sûrs d’avoir une bonne place !

Bref, on glande le reste de l’après-midi au camping, en faisant un peu de rangement dans la voiture (qui commence à ressembler à un souk) et en écrivant les récits de nos aventures dans notre carnet de voyage afin d’être capables de réécrire tous ces articles une fois rentrés !

Après une bonne sieste bien méritée, on va souper dans une petite pizzeria située dans le parc. On se dépêche de terminer notre plat, car on veut retourner voir le coucher de soleil sur le Bryce Amphitheater comme conseillé par les rangers. Le spectacle est en effet fabuleux vu de Sunset Point, on passe une demi-heure accoudés à la balustrade, comme des dizaines d’autres touristes.

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Après cela, on rentre au camping et on allumera quand même un feu, car une nuit en camping sans feu, ce n’est pas vraiment une nuit en camping ! On mange des S’Mores comme dessert, miam !

Le lendemain matin, on se traîne un peu pour ranger nos affaires avant de continuer notre route vers Capitol Reef NP.

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